No info sur Acetate Zero ou à peine. A peine. Peut-être les choses vont-elles changer avec ce nouvel album sur Arbouse Recordings qui sera là bientôt, qui est presque là.
Une discographie qui traîne, regroupée, sur une page web, pour se dire qu’on en a manqué des trucs, qu’on était autre part. Pour râler plus qu’autre chose, parce que ce n’est pas de notre faute d’avoir presque toujours raté un des meilleurs groupes français de ces dernières années.
Un album. Un premier album. Un drôle de premier album. Au tirage ridicule : 200 exemplaires vinyles. A la réédition promise en CD sur le label californien Slumberland. A la réédition qui tombe dans les limbes sans explication et sans espoir de re-sortie réelle.
Pourquoi en parler ? Parce que c’est une sorte de malédiction de la maison. De parler d’œuvres introuvables qui tournent le couteau sept fois dans la plaie avant de la laisser vive.
Dix-huit titres, un peu plus de quarante-huit minutes avec la même puissance que les vieux disques de Hood, Movietone, Empress ou Famous Boyfriend, avec juste l’air de ne pas y toucher en plus.
A l’opposé de ses équivalents anglais, Acetate Zero joue sans avoir l’air de prétendre à rien, sans plan de carrière aucun, sans chercher à capturer quoi que se soit et les pépites pleuvent sans discontinuer comme une averse interminable. Avec ‘Softcore Paradise’, il n’y a qu’à s’asseoir et refuser de faire autre chose qu’écouter comme si on était en hélium.
Premier morceau, ‘Contemplating the existence of leaves’. Déjà rien que le titre, c’est dans la poche. La voix de la chanteuse est juste magnifique, la flûte plus pure encore que si elle était échappée d’un disque de folk anglais seventies et les guitares, comme chez Hood ou Empress, et plus douces encore. Un panache de vapeur s’élève dans l’air azuré et s’y dissout peu à peu.
Appeler son second morceau ‘Christchurch’. Ca n’est pas non plus pour laisser indemne. http://www.math.nyu.edu/faculty/childres/christchurch.JPG. Combien de mythes et de rêves musicaux cette île a pu donner. On y a trouvé une seconde enfance. Un instrumental juste théoriquement impossible à faire, mais fait, qui aurait pu être une respiration sur ‘Sadstyle’ ou un oiseau dans le ciel chez Roy Montgomery.
Un brin d’humanité en simili faux-pas, le chant masculin anglais de ‘zealous atom's rage’ est bien lo-fi avec un accent un peu trop français.
Est-ce qu’un morceau intitulé ‘high and low winter landscape’ peut ressembler à autre chose qu’à un instrumental de Hood ? Non, mêmes évocations.
Jolie vignette avec ‘equilibrium’ comme des gouttes de rosée qui s’écoulent sur les feuilles. Une minute de grâce. Jolie ballade figée et instrumentale avec ‘departure’, Acetate Zero aime les respirations aérées, les vallées, fraîches, humides et verdoyantes avec juste un petit soupçon d’inquiétude.
Place alors à un morceau remixé par Leverkusen. Comme pour leur ep ‘Pieces in trouble’, mais à une échelle moindre, Acetate Zero a fait appel à des intervenants extérieurs pour retravailler certains de ses morceaux. D’après la pochette, Leverkusen est Parisien et son intervention électronique sur le morceau ‘Leverkusen version‘ donne à Acetate Zero certaines teintes early New Order pour un résultat quand même anecdotique.
On préférera ‘Too strong for blasters’ beaucoup plus fort et émouvant. Acetate Zero y dessine des libellules au-dessus de la surface d’un étang à moitié couvert de nénuphars en fleurs. Un remix de Remote Viewer termine cette première face qu’on laisse s’éteindre avec bienveillance.
‘Christmas clouds in negative’ confirme on ne peut plus l’unicité et le talent incandescent de Acetate Zero. Deux fois rien, pas grand chose, quelques accords, larsens et rythmes, et le tout tient incroyablement debout même si on ne peut plus fragile et mélancolique.
‘Metropolitan fatal dawn’ les voit à l’attaque de quelque chose de plus nocturne, un chant à peine chuchoté, un morceau laissé à l’état d’écheveau. C’est ça aussi le mystère d’Acetate Zero car tout a cet air un peu inachevé ici comme des sculptures donc la finition a été oubliée, des traits jetés, des tableaux et portraits où rien ne semble vraiment définitif.
Il y a simplement qu’Acetate Zero a un don unique pour tout faire bien sonner, spontanément, un talent certain pour saisir l’émotion en plein vol. L’album compte aussi aussi quelques accidents de parcours comme un ‘Pristina’ contemplatif qui met en scène une ambiance sur laquelle rien ne démarre ou un ’44 Seconds’, simple interlude.
Retour du chant masculin bancal sur ‘variant critics to conclude there's nothing’ qui ramène le groupe plus près du sol. Un remix de Steward suit, qui, comme 99% de ses équivalents, est un peu vain.
Belle progression et belle montée sur ‘Janitor sound’ avec un savoir-faire égal à celui de Hood, à la seule différence qu’une fois arrivé au sommet, Acetate Zero n’a plus rien à dire. Nouveau remix de Leverkusen, bel intermède, joli, mais sans direction aucune. Acetate Zero termine son album avec un morceau instrumental de bravoure, ‘infra blast’, énergétique et noisy.
‘Softcore Paradise’ est un très bon album d’un groupe extrêmement talentueux. La seule chose que l’on peut regretter c’est qu’Acetate Zero n’y soit pas allé plus à fond dans la composition -, se contentant d’une pluie de bonnes idées -, ni ne veuille défendre plus sa musique en lui donnant une distribution et une présence publique décente.
On sera au rendez-vous du second album qui sort ces jours-ci. Leur talent implacable sera certainement à nouveau là et sans doute poussé plus à bout. Il reste que ‘Softcore Paradise’, malgré ses quelques imprécisions, est un grand disque.
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