Claire's Echo est un nouveau projet du label Clairecords, principal fer de lance de la mouvance shoegazer de cette dernière décennie, dont le but est de sortir des disques collectors en édition limitée de groupes qui les tiennent à cœur.
Quel meilleur choix que Acetate Zero pour débuter cette série, l’une des formations les plus cruciales et discrètes de cette mouvance durant cette dernière décennie, qui n’a cessé depuis sa création de produire avec une discrétion qui n’a d’égal que leur talent une poignée de disques humbles et brillants définissant une esthétique particulière qui si elle doit une fière chandelle à la scène de Bristol (Planet Records & co : Movietone, Flying Saucer Attack, Third Eye Foundation / Matt Elliott, Light, Amp, Crescent,…) ou de Leeds (Hood, Pale Saints), a su trouver son propre chemin solitaire dans une voie entrouverte quelques années plus tôt en France par des groupes tout aussi méconnus comme Les Autres ou Carmine.
L’idée derrière Claire’s Echo est de partager des objets d’une beauté raffiné, plaisants à la vue et à l’audition, et comme on va le voir, Acetate Zero place d’emblée la barre très haut et Destroyalldreamers, Mahogany ou Giardini Di Miro entre autres, pressentis pour la suite, n’auront qu’à bien se tenir après ce sans faute introductif.
Avec le premier morceau, “Agota Kristof”, Acetate Zero revitalise toute l’admiration que j’ai pu leur porter et la porte plus haut encore. On touche vraiment à une sorte de perfection stylistique et émotionnelle, à une fusion des deux approches. Un simple instrumental planant mais véhiculant une mélancolie poignante, des douleurs vives mais un regard qui s’échappe déjà vers l’horizon, cherche à en croiser d’autres pour s’y voir en reflet, partager un ressenti particulièrement intense et introverti. Forcément il y a ce sentiment d’imperceptible et d’inatteignable, propre à certains morceaux de Hood, Mogwai ou aux débuts de Album Leaf ici, une pincée de slowcore extatique à la Codeine/Bedhead /Seam, des nappes planantes et distordues, des lignes de guitares tendues et mélancoliques, une batterie juste ce qu’il faut de propulsive pour nous mettre en mouvement, un côté sur le vif comme admirer silencieusement la mer d’une falaise de craie, le vent froid sifflant dans nos oreilles, avec le sentiment de pouvoir s’envoler comme un oiseau de mer. Immense.
Quelque par entre un Mum plus libre et plus subtil et un Movietone lumineux et printanier, “Surf Green” subjugue totalement par sa grâce et sa fragilité timide et mélancolique, guitare acoutisque qui semble se découvrir dans l’instants, bruitages émouvants et frissonnants avec leur caractère toujours accidenté mais à fleur de peau, et surtout cette voix féminine chuchotante qui à nouveau nous fait chavirer.
Voyage psych acid folk aux consonances rurales et presque médiévale à la The Iditarod, si ce n’était cette guitare électrique à la Roy Montgomery dans la seconde partie, avec un “Late Night Session” où Acetate Zero est juste un peu trop prudent pour marquer nettement. Les Français terminent alors cet ep avec un “Granite Rail” instrumental et victorieux, post-rock planant, atmosphérique et rétro-futuriste comme le décollage d’un Concorde supersonique partant chevaucher les jets streams d’un côté à l’autre de la planète, tandis que le pilote se laisse envahir d’une mélancolie sentimentale.
Fantastique et essentiel.
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