Gareth Dickson vient de Glasgow et à son sujet circulent les noms de
Nick Drake et Greg Davis, de Aerial M, Roy Montgomery et Labradford,
auxquels on ajoutera bien ceux de Marilyn Decade ou d’un Flying Saucer
Attack qui aurait laissé tomber l’électricité. On n’est pas forcément
loin non plus par moment des univers certes plus élaborés de Songs of
Green Pheasant ou Movietone.
Mais pour autant sur ce premier album, il ne parviendrait pas à
inquiéter l’un des noms précités parce que ce ‘Spruce Goose’ est
extrêmement dépouillé et minimal, privilégie un contexte émotionnel
austère et intérieur.
De la guitare acoustique en solo passée au travers d’effets,
cherchant, avec succès, à évoquer des ambiances de chambres nues au
petit matin, de paysages capturés sous une pluie constante, une
mélancolie plutôt glacée, parfois quelques lignes d’un chant encore à
moitié hésitant s’insèrent avec une profondeur intimiste qui nous fait
frissonner.
Ne pas se fier donc à la pochette assez trompeuse quant à la
richesse que l’on va effectivement trouver à l’intérieur de cet album.
Sans doute qu’une image plus connotée folk, avec des paysages brumeux et
quelques vieilles bâtisses, aurait mieux convenu.
‘Technology’ glisse sous un climat d’inquiétude lancinante, comme si
une légère couche de glace recouvrait tout le paysage, rendant la
déambulation risquée, l’air dense et frigorifiant. On glisse alors vers
le contemplatif ‘Trip on a Blanik’ un blanik étant un planeur biplace -
comme en transe contemplative. Gareth joue la fenêtre ouverte, on dehors
on entend le gazouillement d’oiseaux, l’air est plus chaud, c’est
l’été, on reste à l’abri du soleil de midi et de ses rayons ardents et
trop riches en UV.
Terriblement touchant et intimiste, ‘Harmonics’ prend le relais, un
peu comme les premiers rayons solaires matinaux illuminent les gouttes
de rosée que l’aube a déposées et peu à peu les évaporent, réchauffant
du même allant notre peau peu à peu, tandis que l’on se ballade le long
de chemins verdoyants.
Gareth délivre alors une superbe folk song, le souffle et les
craquements avec, comme des larmes qui tombent sur une eau plane et
créent des oscillations qui se croisent et interfèrent, comme des nuits
sans sommeil, où les frissons nous raccrochent à la vie. ‘As you lie’ ne
laisse pas indemne.
On plane comme en apesanteur, détaché du corps, dans les vapeurs
ambiantes du très éthéré ‘Fifth (the impossibility of death)’. Viennent
alors les trois minutes plus sombres de ‘Dark Matter’, et nous voilà
déjà au terme de notre périple avec le délicat ‘Two Trains’ évoquant la
paresse d’après-midis estivales passées en solitaire, à ne rien faire,
si ce n’est se reposer et laisser les réflexions, les envies, les
regrets et les projections et espoirs nous occuper.
Très bon premier disque pour Gareth Dickson, particulier, personnel
et difficile, rien d’exceptionnel en somme mais les climats raréfiés
qu’il nous procure servent idéalement à un certain ressourcement.
http://www.garethdickson.com/
No comments:
Post a Comment