02 April 2006

Gareth Dickson - spruce goose (Sleeping Man, 2005)

Gareth Dickson vient de Glasgow et à son sujet circulent les noms de Nick Drake et Greg Davis, de Aerial M, Roy Montgomery et Labradford, auxquels on ajoutera bien ceux de Marilyn Decade ou d’un Flying Saucer Attack qui aurait laissé tomber l’électricité. On n’est pas forcément loin non plus par moment des univers certes plus élaborés de Songs of Green Pheasant ou Movietone.

Mais pour autant sur ce premier album, il ne parviendrait pas à inquiéter l’un des noms précités parce que ce ‘Spruce Goose’ est extrêmement dépouillé et minimal, privilégie un contexte émotionnel austère et intérieur.

De la guitare acoustique en solo passée au travers d’effets, cherchant, avec succès, à évoquer des ambiances de chambres nues au petit matin, de paysages capturés sous une pluie constante, une mélancolie plutôt glacée, parfois quelques lignes d’un chant encore à moitié hésitant s’insèrent avec une profondeur intimiste qui nous fait frissonner.

Ne pas se fier donc à la pochette assez trompeuse quant à la richesse que l’on va effectivement trouver à l’intérieur de cet album. Sans doute qu’une image plus connotée folk, avec des paysages brumeux et quelques vieilles bâtisses, aurait mieux convenu.

‘Technology’ glisse sous un climat d’inquiétude lancinante, comme si une légère couche de glace recouvrait tout le paysage, rendant la déambulation risquée, l’air dense et frigorifiant. On glisse alors vers le contemplatif ‘Trip on a Blanik’ un blanik étant un planeur biplace - comme en transe contemplative. Gareth joue la fenêtre ouverte, on dehors on entend le gazouillement d’oiseaux, l’air est plus chaud, c’est l’été, on reste à l’abri du soleil de midi et de ses rayons ardents et trop riches en UV.

Terriblement touchant et intimiste, ‘Harmonics’ prend le relais, un peu comme les premiers rayons solaires matinaux illuminent les gouttes de rosée que l’aube a déposées et peu à peu les évaporent, réchauffant du même allant notre peau peu à peu, tandis que l’on se ballade le long de chemins verdoyants.

Gareth délivre alors une superbe folk song, le souffle et les craquements avec, comme des larmes qui tombent sur une eau plane et créent des oscillations qui se croisent et interfèrent, comme des nuits sans sommeil, où les frissons nous raccrochent à la vie. ‘As you lie’ ne laisse pas indemne.

On plane comme en apesanteur, détaché du corps, dans les vapeurs ambiantes du très éthéré ‘Fifth (the impossibility of death)’. Viennent alors les trois minutes plus sombres de ‘Dark Matter’, et nous voilà déjà au terme de notre périple avec le délicat ‘Two Trains’ évoquant la paresse d’après-midis estivales passées en solitaire, à ne rien faire, si ce n’est se reposer et laisser les réflexions, les envies, les regrets et les projections et espoirs nous occuper.

Très bon premier disque pour Gareth Dickson, particulier, personnel et difficile, rien d’exceptionnel en somme mais les climats raréfiés qu’il nous procure servent idéalement à un certain ressourcement.

http://www.garethdickson.com/

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